Le chemin de l’autisme et l’incroyable force de l’amour

C’est dans un but de partager ma vision de l’autisme que je vous propose ici la lecture de cet article qui s’intitule: Le chemin de l’autisme et l’incroyable force de l’amour

Ce qu’il me reste de ce chemin que j’ai parcouru, c’est l’amour.

Je vous parle de cette route qui s’est présentée un jour de décembre, il y a douze ans déjà, lorsque ma fille est venue au monde, exactement comme arrivent de nombreuses petites pour égayer le cœur des gens,

Ce qu’il me reste en souvenir à propos de cette route ? C’est l’amour.

Même si, avec l’arrivée de cet enfant, sans que je ne voie venir cette voie difficile, ardue et laborieuse, la vie m’a fait prendre un chemin différent, ou plutôt un autre tournant, raide, abrupt,

Ce qu’il me reste en mémoire à propos de ce passage long et étroit, c’est l’amour.

Bien que trois ans plus tard, mon garçon soit également arrivé sur ce chemin non fréquenté, apportant davantage de difficultés, d’incompréhension, de doutes et de peurs,

Ce qu’il me reste de ce sens unique que j’ai marché en solitaire avec mes enfants comme le long d’une falaise, c’est l’amour.

Bien que ce sentier rocailleux ait été pénible à marcher, car il était parsemé de troubles de comportement, de retards de développement, de ce que certains appellent maladie mentale ou un trouble neurologique, peut-être même déficience intellectuelle,

Sur cette voie où je me suis abîmé les pieds, ce qui reste et qui s’est toujours plus implanté, c’est encore l’amour.

Avec mes deux enfants qui ont été diagnostiqués autistes, quand dans les moments les plus difficiles ils ont été étiquetés, jugés, méprisés, rejetés ou encore oubliés,

Ce qu’il me reste malgré cette souffrance intérieure à voir de mes yeux ces injustices et qui s’est encore plus profondément solidifié, c’est l’amour.

Devant des crises disproportionnées, devant des refus pour rien, devant cette file d’attente de problèmes au quotidien, devant ces tornades de points d’interrogation qui se présentaient sur ma trajectoire des plus éprouvantes,

Ce qu’il me reste à parcourir ces embûches sur le chemin et qui voulait toujours plus me faire avancer, c’est l’amour.

Pour arriver je ne sais où, parce que, plus souvent qu’autrement, j’ai perdu les instructions et la direction à suivre sur un chemin qui n’était pas tracé et à entendre trop d’avis différents sur la question,

Ce qui a pu me guider même quand mes pieds n’ont plus voulu avancer, c’est toujours et encore l’amour.

Peu importe que j’aie marché sur cette chaussée des plus endommagées, d’où j’aurais parfois voulu me sauver, m’envoler ou m’éclipser,

Ce qui reste et qui n’a jamais cessé de se construire et d’évoluer, c’est l’amour.

Parce que jour et nuit j’ai cherché sans cesse le sens de cette déroute, – pourquoi était-ce arrivé? -, et parce qu’à mes yeux à ce temps, ce chemin m’avait plutôt amenée dans un ravin ou un bas-fond,

Ce qui reste et qui a pu me consoler en me faisant tout de même cheminer, c’est l’amour.

À marcher toujours dans une route trouée, sans forme précise ou sans balise, sans repère ou avec trop de pierres,

Encore toujours, ce qui reste et qui m’a sauvée de ce parcours défavorisé ou handicapé, c’est l’amour.

Serait-ce le manque de ressources, d’énergie, de temps ou d’argent, ou tout ce que je vous ai décrit précédemment qui ont fait qu’à chaque instant j’ai prié mon cœur de m’aider, de me réconforter ou de me sauver,

Ce qui m’a délivré ou m’a fait me propulser, c’est encore, toujours et indéniablement l’amour.

Je parle de cet amour-là que tous et toutes portent en leur cœur,
Comme je le portais déjà sans le savoir avant de marcher sur ce chemin,
Et qui est un phare dans la noirceur ou un pont pour traverser les difficultés,
Quand la route est brisée, effondrée ou fragmentée.

Je fais allusion à cet amour profond qui donne le sens et la direction,
Pour marcher main dans la main, pour faire un et aller plus loin,
Qu’il fasse jour, nuit, tempête ou plus rien sur le chemin,
Peu importe les complications, les tics ou les obsessions.

Je parle de l’amour pour mes enfants – nos enfants -,
Cet amour inconditionnel qui s’est toujours plus manifesté,
Celui qui parfois se révèle un bouclier devant l’adversité,
Ou un abri pour les ennuis quand la peine, petite ou grande, arrive et s’enfuit.

Je fais référence à cet amour pur,
Qui est libre de tout doute quant au lendemain,
Cet amour qui est là parfois caché en chacun, mais pas toujours révélé,
Et qui est aussi un guide sur le sentier ou qui répare les cœurs brisés.

Je vous parle de l’amour parfait,
Qui à lui seul a toujours raison,
Même dans les passages bloqués, les routes usées et les bas-fonds,
Car cet amour sage et présent accompagne, accepte et pardonne.

Je vous parle de l’amour qui est une force tel un moteur ou un propulseur,
Assurément un vecteur de changement ou de transformation,
Car il est une source inépuisable,
Se régénère à l’infini et à l’unisson.

Je vous témoigne de cet amour si Grand,
Et qui émerge comme un géant et se dresse dans les impasses,
Qui s’impose dans les tournants,
Et dans « ce qu’on ne ferait pas pour nos enfants ».

Ce qu’il me reste de ce chemin que j’ai parcouru, c’est l’amour. Pourquoi ?
Parce que chaque fois que mes enfants et moi avons rencontré et amassé ces pierres sur la route,
Avec ces cailloux, nous avons construit l’amour et bâti de cet or nos cœurs :
Je peux maintenant voir les yeux de mes enfants briller, je peux les voir rire et s’amuser,

Alors je sais que cet amour est là pour rester.

Ce qui me reste surtout de cet amour, sans le savoir pour mieux vivre et poursuivre la voie de notre destinée,
Nous avons pavé de cet amour et de nos cœurs ce chemin de l’autisme qui est pour le moins non fréquenté.

Comme quoi l’amour est là pour rester, l’amour EST sans condition, gravé dans nos pas et dans nos souvenirs, dans les meilleurs moments comme dans les pires, peu importe la voie empruntée, puisque toujours nous continuerons d’avancer et de marcher.

Cet article est également paru le 17 février 2016 sur le Huffington Post France et Canada