Silence, on tourne – Poésie par Nadine Primeau

Dans le fond de moi-même, je sais pertinemment bien que je suis une artiste, mais ce qui me différencie c’est que je suis une artiste atypique de plusieurs façons… En quelques mots, je fuis les médias depuis toujours, je fuis les rencontres obligées, je n’ai jamais fait de lancements de livres… Je sais que cela peut sembler paradoxal, mais bref, je ne suis pas une vendeuse ni une vendue non plus. Je suis plutôt du type sauvage qui laisse son art là, à qui peut bien en percevoir la lumière et veut bien en saisir le sens…

À lire ce poème, vous comprendrez donc que celui-ci fait référence aux artistes mainstream que l’on voit dans les médias traditionnels et non pas à ceux qui font partie de l’exception, celle dont je fais partie, et qui osent dévoiler et montrer leurs couleurs, leur lumière et leur vérité…

Credit photo @unsplash


 

Silence, on tourne.

Les artistes en coulisse
assis bien tranquilles, là derrière dans le coin
ils regardent, du coin de l’œil, témoins
tous ceux qui pâtissent ou périssent
dans un drame humain et sociétal
trop immense ou colossal.

Les artistes en coulisse
la main sur la bouche
à épier cette pièce infernale
toute montée de scénarios en dédale
ils restent cachés dans l’ombre
seraient-ils pernicieusement complices ?

Les artistes en coulisse
certains croisent les doigts
pour que cette mascarade en finisse
alors que d’autres fiers progouvernemental
sortent et s’exhibent haut et fort
des bêtes de scène, des rôles à la dictatoriale.

Les artistes en coulisse
la plupart restent dissimulés
au grand jour – les lumières allumées – le rideau levé
avec la piètre pièce qui fait juste continuer de se jouer
partout dans rue, dîîîns écoles, dans tous les milieux fermés.

Les artistes en coulisse
ils sont toujours bien là, le clapet fermé
devenus inertes, muets, tout d’un coup déshumanisés
comme les accessoires tous empilés
d’un mélodrame où l’on tue les faibles sans pitié
voilà, ils se sont tous perdus, dans le décor, effacés…

Les artistes en coulisse
leur silence serait-il un caprice ?
une forme de prostitution mentale ?
une peur au ventre viscérale ?
une espèce que l’on ne reverra plus
parce que leurs âmes finalement étaient depuis longtemps vendues ?

Les artistes en coulisse
devant ces scènes lugubres et bien tristes
on attend juste que ce beau monde-là agisse
disparus, éclipsés, on ne sait plus où les trouver
ils sont où les artistes ?
Coudon ça s’rait tu qu’ils s’en câlissent ?